Tous les fermiers que j’ai rencontrés entretiennent une relation spéciale avec le temps. Cette entité qui nous file entre les doigts…
En plus de s’occuper de la production, les producteurs doivent relever les défis de la vente, la comptabilité, les ressources humaines, etc. Déléguer est particulièrement difficile pour ces guerriers. Pour déléguer, ils doivent trouver des employés (une perle rare par les temps qui courent) et les payer avec les précieuses marges de leurs légumes. Outch !
C’est pour cette raison que les maraîchers ayant le plus de succès se concentrent sur l’efficacité. On va quantifier ça par le revenu par heure travaillée ($/h).
Selon les données récoltées dans RJME et dans le rapport de Geoffroy Ménard du CETAB+, le producteur moyen produit 25$ de légumes par heure de travail. Avec les charges de l’employeur, une heure de salaire revient à 20$ pour la ferme. Ce qui veut dire que pour chaque heure de dur labeur, on dégage seulement 5$ pour payer toutes les autres dépenses de la ferme !
Heureusement, les maraîchers ont trouvé les serres comme moyen d’augmenter leurs marges. Selon le rapport CETAB+, les producteurs font 50$/h en serre. C’est 2 fois plus que la production moyenne ! Nous avons même plusieurs clients qui font entre 100 et 150$/h dans leurs serres.
Avec les super pouvoirs de la serre, viennent de grandes responsabilités ! Pour avoir ces rendements, il faut maintenir un climat optimal pour nos plants. Et si on ne fait pas attention, ça gruge notre temps et on diminue nos $/h.
Dans cet article, tu liras comment les producteurs qui produisent 150$/h utilise l’automatisation pour sauver du précieux temps. La première étape c’est de réduire les interruptions. Ensuite, on verra comment tu peux utiliser l’automatisation pour limiter le temps investi en soins pour la plante. On va terminer en regardant comment tu peux maximiser le temps que tu sauves avec l’automatisation.
Allons-y!
Interruptions
On sous-estime toujours le temps que les interruptions nous coûtent. Moi le premier !
Dans le cas des maraîchers, l’irrigation est un exemple typique. Partir une valve prend seulement 2 secondes, pas vrai ? Penses-y bien.
Irrigation
Si tu es déjà à côté de la valve, ça prend 2 secondes pour partir l’irrigation… mais après tu fais quoi ? Tu attends 5 minutes que l’irrigation finisse pour refermer la valve? Ou bien tu t’occupes temporairement pour être un minimum productif?
En plus, quand vient le temps de partir la valve, tu es souvent ailleurs. En train de faire autre chose. Dans le champ, en train de désherber, par exemple. Alors combien de temps te prend vraiment l’irrigation :
Arrêter de désherber et se rendre à la serre 5min
Ouvrir la valve, attendre la durée de l’irrigation puis la fermer 5min
Retourner au champ et reprendre les outils pour désherber 5min
____________________
TOTAL 15min
15 minutes pour une valve, c’est pas si pire, non ?
Il ne faut pas oublier qu’une serre a besoin d’entre 3 et 25 départs par jour. Ce qui revient à dire que tu perds près de 4 heures chaque jour à faire des aller-retour.
Petit calcul rapide : Automatiser l’irrigation peut te sauver 5 à 40h de productivité CHAQUE SEMAINE !
Il est possible d’automatiser l’irrigation pour 150$ par valve. En 1 semaine, tu rentres dans ton argent juste en comptant le temps que tu économises. Mettons 2 considérant le temps d’installation. Et je ne parle même pas de l’impact sur tes rendements et ton stress !
Ventilation
Comme l’irrigation, la ventilation de la serre cause beaucoup d’interruptions. En plus d’amener une charge mentale dont on se passerait bien. Il est toujours possible de faire un travail de ventilation approximatif, mais ça augmente les coûts de chauffage. Sans dire que ce n’est pas comme ça qu’on atteint 150$/m².
Même avec un contrôle approximatif, il faut gérer les côtés et toits ouvrants:
Ouvrir le matin (au lever du soleil… ishhh mes heures de sommeil !)
Fermer au coucher du soleil
Ajuster en cas de pluie
Ajuster en cas de vents violents
Ajuster lorsqu’un nuage passe au printemps et qu’il fait froid dehors
Et ça, c’est la fin de semaine aussi !
Considère le nombre d’interruptions que ça fait par semaine. Multiplie ça par le temps moyen pour faire l’aller-retour à la serre + le temps nécessaire pour ouvrir ou fermer les côtés/toits ouvrants. N’oublie pas que tu peux être à l’extérieur pour une livraison, un tour à la quincaillerie, etc.
J’estime que ça prend 5h par semaine pour un contrôle approximatif de 2 côtés ouvrants. Si tu veux sauver ce temps-là chaque semaine, tu peux repayer ton investissement pour l’automatisation de côté ouvrant en une demi-saison. En bonus, tu auras :
Une chose de moins à te soucier (incluant les soirs et la fin de semaine !)
Un gain en rendements Plusieurs de nos clients font 2x plus que les rendements moyens selon le rapport de Geoffroy mentionné plus haut.
Des économies sur ta facture d'énergie Nous avons calculé qu’en suivant les cibles basées sur l’ensoleillement, on économise 20% en énergie.
Certains disent que l’automatisation a sauvé leur couple! D’autres disent qu’avec l’automatisation, ils n’ont plus besoin de courir à la serre en boxeur le matin pour éviter que ça brûle. Ce qui est sûr, c’est que je n'ai pas encore rencontré un producteur qui regrette l’automatisation de sa ventilation !
En bref, tu sauveras énormément d’interruptions avec l’automatisation. En pratique, tu peux facilement sauver 10h de productivité par serre par semaine.
L’alternative serait de mettre un employé sur ces tâches. Considérant tous les coûts associés à un employé, ça te coûterait 8 000 à 10 000$/an. Ça te donne un bon budget pour l’automatisation. C’est un coup à donner, mais après, tu retrouveras 400h par saison pour rendre ta ferme plus productive.
Gestion des maladies
En serre, les maladies et les insectes sont une épine dans le pied du producteur. C’est un stress, ça coûte de l’argent et ça prend du temps qu’on veut mettre ailleurs qu’en prévention ou en gestion de crise.
Tu peux utiliser l’automatisation de 2 manières pour sauver du temps avec la gestion de maladies :
En maintenant un meilleur climat
En maintenant les feuilles des plantes mouillées
Maintenir un meilleur climat
Un meilleur climat va t’aider pour plusieurs raisons. Premièrement, tu rendras tes plantes plus résilientes aux différents problèmes. De la même manière qu’un humain qui mange bien, dort bien et fait de l’activité physique sera moins malade.
Trouver le climat idéal est complexe, par contre. Il n’y a pas de température ou humidité parfaites. C’est plutôt un équilibre à trouver entre la lumière, la température, l’humidité de l’air, l’irrigation, etc.
Pour maintenir un climat dans la serre, l’automatisation est la seule option… à moins de rester dans la serre 24/7 à regarder les capteurs. Et encore là, c’est impossible pour l’être humain de prendre les décisions permettant de contrôler l’humidité tout en évitant une facture de chauffage à s’arracher les cheveux.
En plus d’aider le système immunitaire de la plante, tu peux prévenir les problèmes fongiques tels que la moisissure grise ou le mildiou avec le contrôle de l’humidité. Assécher de manière intermittente permet de briser le cycle de développement des champignons sans se ruiner en chauffage. C’est d’ailleurs une excellente manière d’augmenter la durée de vie de vos plants de concombre.
Limiter la condensation sur le plant est une autre manière de contrôler l’humidité dans la serre pour éviter de perdre la guerre contre les champignons. Tu peux éviter la condensation sur tes tomates en forçant des changements graduels de température. Surtout le matin, tu veux éviter que la température monte plus vite que 1’C par heure. Tu peux facilement le faire avec l’automatisation.
Beaucoup de producteurs font l’erreur de ne pas déshumidifier parce que ça coûte cher en chauffage. Environ 25% de la facture de chauffage. Avant de te laisser décourager, je t’invite à considérer le coût de NE PAS déshumidifier :
Le temps que tu passes en gestion de maladie
Le coût des traitements
La perte de rendements
Expérience de producteur
J’ai perdu 70% de ma production de concombre à cause des maladies. - Producteur voulant rester anonyme
Si tu veux apprendre à déshumidifier comme Orisha, on a déjà écrit un article sur comment utiliser le déficit d’humidité pour gérer l’humidité dans la serre!
Maintenir les feuilles des plantes mouillées
L’eau sur le plant peut causer des problèmes de champignons. Malgré tout, dans certains cas, tu veux garder les feuilles de tes plants mouillées pour contrôler la prolifération d’insectes. Avec le tétranyque dans le concombre, par exemple.
Un système de brumisation te permet de faire ça. Pour automatiser la brumisation, tu as besoin d’une valve activable électroniquement. C’est pareil que pour l’irrigation. Sans automatisation, il faut compter la gestion de la brumisation dans les interruptions nous prenant du temps (voir la section sur les interruptions avec l’irrigation).
Expérience de producteur
En automatisant l’irrigation avec un capteur de lumière et en utilisant la brumisation pour contrer les infestations, j’ai triplé mes rendements de piments ! - Marie Morin, les jardins de St-Laz
En résumé, tu peux sauver du temps au niveau de la gestion des maladies avec l’automatisation. Tu peux déléguer la prévention des problèmes à ton système d’automatisation et ainsi réduire le temps que tu mets en gestion de moisissure !
Dans la prochaine section, je vais parler de trucs à penser lors de la conception de ta solution d’automatisation pour qu’elle te prenne le moins de temps possible pendant la saison.
Attention à la technologie
Le contrôleur climatique est un outil pour aider le producteur à atteindre ses objectifs. L’automatisation n’est pas une fin en soi. Pour t’assurer que l’automatisation te permette d’en faire plus, tu veux t’assurer de prendre le temps de bien concevoir ton projet.
Ça peut paraître compliqué, mais je te rassure, c’est pas si pire. Le problème c’est que quand tu le fais pour la première fois, c’est intimidant. Je vais te donner quelques pistes de réflexion et si tu veux de l’aide personnalisée, contacte-nous !
S’assurer que tout va bien
Je vais vous dire un secret avec l’automatisation: un jour ou l’autre il y aura une défaillance. Le contrôleur, la fournaise, la pompe. Peu importe la source, il y aura un problème.
Évidemment, tu ne veux pas que cette défaillance nuise à ta production. Mais tu ne veux pas devenir paranoïaque à tout le temps vérifier que tout fonctionne bien.
Moi non plus je ne voudrais pas remplacer la tâche de partir l’irrigation avec la vérification que l’irrigation s’est bien faite ! L’interruption pour la vérification est aussi longue que pour partir la valve !
Tu ne pourras jamais éliminer la vérification humaine. Par contre, tu peux la réduire à seulement prendre l’habitude de vérifier que ton sol est humide lorsque tu passes dans la serre.
Comment ?
3 techniques faciles :
Installation de qualité
Mise en place d’alertes
Utilisation de backup
Une installation de qualité éloigne le médecin pour toujours
Bon, c’est pas une science exacte, mais il y a quand même moyen de faire sa chance !
Des fournaises qui datent d’un autre millénaire pourraient décider de prendre une retraite surprise par une nuit d’avril à -10’C.
Des connexions de valves qui traînent dans la bouette pourraient faire défaut. Des fois ça prend des jours avant que le producteur ne s’en aperçoive. J’ai vu ça souvent et pourtant ça ne prend pas grand effort lorsque c’est bien installé dès le début.
Investir dans de bons équipements, bien installés va te sauver du temps quand tu en auras le plus de besoins.
Dans la même lignée, tu veux que ce soit CLAIREMENT indiqué, s’il y a des appareils importants qui doivent rester connectés. Je peux compter les histoires de producteurs qui ont fermé le mauvais breaker sans s’en rendre compte !
Encore pire ! Plus d’une fois, j’ai entendu quelqu’un qui a déconnecté le contrôleur Orisha pour passer la balayeuse ! Ça peut paraître évident, mais imaginez si votre belle-maman vient donner un coup de main pour le ménage. Elle ne sait pas que cette boîte-là te sauve la vie !
Surveille ta serre avec des alertes
Installer un système d’alerte qui t’avertit en cas de problème peut te mettre en confiance. Tu peux le faire facilement avec la plupart des systèmes d’automatisation.
Les alertes que je te recommande en priorité sont celles indiquant une température extrême dans la serre.
Tu veux aussi être averti si cette alerte ne fonctionne plus. Un coup de fil de courtoisie pour t’avertir quand tu ne peux pas te fier aux alertes te permettra de dormir sur tes 2 oreilles le reste du temps.
Tu peux aussi mettre des alertes pour vérifier l’humidité, l’irrigation et compagnies.
L’important c’est que tes alertes restent alarmantes. Si tu te fais tout le temps appeler, tu vas l'ignorer quand ce sera crucial !
2 fournaises valent mieux qu’une
Quand on se les gèle dehors, on ne veut pas avoir à stresser pour nos plantes ! Malheureusement, l’appareil qui a le plus de problèmes dans la serre est la fournaise.
Pour prévenir une aire de glace dans la serre en cas de défaillance de ta fournaise, assure-toi d’avoir une solution de chauffage de backup. Par exemple, choisis 2 petites fournaises plutôt qu’une grosse. Si une des 2 fournaises t’abandonne en pleine nuit d’avril, l’autre sauvera tes plants d’une mort certaine sans que tu aies à quitter le confort de ton lit !
Pour prévenir un problème avec le système de contrôle, tu peux installer un thermostat en backup. Pour une fournaise au propane, un thermostat de maison à 40$ fait la job en plus d’être facile à installer !
En résumé, monter un système de qualité avec des backups va te sauver du temps pendant la saison ! Une autre chose à faire attention avec la technologie c’est le temps que ça te prend à opérer.
Temps de configuration
Lorsqu’on commençait la conception du système Orisha, je demandais au producteur à quoi ressemblerait le contrôleur climatique de leur rêve. Une chose revenait à chaque fois: le système d’automatisation doit être simple !
Depuis, j’ai compris pourquoi c’était si important. En apprenant sur la production en serre, j’ai appris que les plantes ont besoin d’ajustements fréquents des cibles climatiques et d’irrigation.
Le problème c’est que trouver comment orchestrer tes équipements pour atteindre tes cibles climatiques peut gaspiller des heures et des heures d’essai-erreurs…
Il n’y a rien de moins satisfaisant que de configurer chaque équipement pour atteindre les cibles de température et d’humidité. Pour que, quand ça fonctionne bien, la météo change et que tu doives recommencer !
Arghhhh ! C’est déjà assez difficile de s’assurer que le chauffage et la ventilation ne se battent pas l’un contre l’autre…
Crois-moi, j’en ai mis du temps à trouver comment configurer les appareils dans notre première serre !
Au bout d’un mois d’ajustement à chaque jour, j’ai ben vu que ça n’avait pas de bon sang que tous les producteurs doivent faire ça !
À ce moment-là, j’ai programmé dans Orisha l’expertise pour qu’aucun autre producteur n'ait à perdre son temps à se battre avec les conditions continuellement changeantes.
Je ne pense pas qu’il existe d’autres systèmes de contrôle qui règle ce défi pour toi !? Pour les autres systèmes, voici quelques fonctionnalités que je vous conseille pour sauver du temps en configuration.
Premièrement, puisque la plante est sensible à la lumière, tu veux pouvoir configurer ton automatisation en fonction de l’ensoleillement du jour. Comme ça, tu peux éviter de changer tes configurations d’irrigation et de températures chaque jour.
Ensuite, tu veux pouvoir baser tes configurations en fonction du lever et du coucher du soleil. Ça va t’éviter de changer tes temps d’irrigation parce que le soleil est plus lève-tôt en juin qu’en septembre !
Je te recommande aussi de choisir ton contrôleur de serre pour diagnostiquer rapidement si tout va bien. S’il faut configurer les rapports d’activité à chaque fois, tu vas perdre beaucoup de temps !
Pour Orisha, j’ai passé 2 semaines juste pour rechercher comment présenter clairement l’information collectée par le contrôleur. Rendre des données sexy, c’est mauditement pas évident ! Merci aux designers de Fitbit pour l’inspiration d’ailleurs !
Plusieurs agronomes ont pris la peine de nous dire que ça l’avait changé la game. Depuis que c’est plus facile de voir ce qu’il se passe, les producteurs se permettent de suivre le climat dans leurs serres.
Avant, la conduite climatique prenait trop de temps. Les maraîchers préféraient produire à l’aveugle. Assure-toi de ne pas être dans cette situation-là !
Les maraîchers que j’ai rencontrés qui réussissent à tirer un profit de leur serre tout en ayant un rythme de vie sain ont tous quelque chose en commun. Plutôt que d’essayer d’en faire plus, ils trouvent des solutions pour en faire moins ! Pour y arriver, ils réservent du temps à l’amélioration continue.
Améliorer ton système de production pour sauver seulement 5 minutes/jour peut paraître comme une perte de temps. Mais à la fin de la saison, ça te permet de sauver près de 25h de travail.
Imagine si chaque semaine, tu pouvais améliorer ton système de production pour sauver 5 minutes/jour. À la fin de la saison, tu aurais sauvé 450h. C’est plus de 10 h par semaine. Sur plusieurs années, ta ferme devient vite une machine bien huilée et profitable.
Où peux-tu trouver le temps et l’espace mental pour faire ça ?
L’automatisation de tes serres est ton point de départ pour commencer le cercle vertueux de l’amélioration. Réserve de ton temps libéré chaque semaine pour faire un tour de ta ferme et appliquer une amélioration à ton système de production.
Sur le long terme, c’est ce qui fera de ta ferme un succès sain et profitable !
Sauver du temps ça te parle, mais tu ne sais pas par où commencer ? Fais-nous signe, on va t’aiguiller ! T’inquiètes, on fait ça gratis ;)
Très informatif, merci. Il y a aussi des informations complémentaires dans le wiki maraîcher pour les intéressés. https://wikimaraicher.ca/wiki/Guide_05-03-02